Le tissage de tapis fut instauré en Inde au 16e siècle par le grand Empereur Moghol Akbar, c’est pourquoi les tapis produits sont connus sous le nom de Tapis Moghols. On dit que lorsque Bâbur arriva en Inde, il fut déçu par le manque de produits de luxe. Le faste de la Perse, y compris les tapis persans, lui manquaient. Akbar fut l’instigateur de la tradition du tissage de tapis en Inde lorsqu’en 1520, il amena avec lui de Perse quelques tisserands de tapis à son palais d’Agra. Avec leur appui, il établit des centres de tissage de tapis à Agra, Delhi et Lahore pour faciliter la production des tapis de style persan qui s’inspiraient des modèles de Kerman, Kashan, Ispahan et Hérat.
Le souverain Akbar, bien qu’étant analphabète, fut un grand propagateur des arts et de la culture et c’est sous son règne que les arts fleurirent en Inde. En raison des nombreuses agitations dans les prisons, il décida de réformer le système. Entre les années 1520 et 1530, il ordonna aux tisserands de tapis qu’il avait amené de Perse, quelques un des meilleurs tisserands de tapis ayant exercé dans les ateliers les plus réputés de Perse, d’enseigner aux prisonniers l’art du tissage de tapis. Ces détenus mirent beaucoup de cœur à l'ouvrage, surpassant même parfois leurs maîtres. Les tapis étaient créés pour les palais indiens mais certains étaient aussi envoyés à l’étranger en guise de cadeaux. Puisqu’il n’y avait ni pénurie d’argent, ni aucune contrainte de main d’œuvre ou de temps, des centaines de tisserands pouvaient passer jusqu’à 15 années pour la confection d’un seul et unique tapis. Ils utilisaient les laines, les velours, les soies de la plus grande qualité et parfois même le « Pashmînâ » (Cachemire), considéré comme l’une des fibres les plus exotiques pour le tissage de châles. Les colorants étaient tous des teintures naturelles/ végétales, extraits de plantes, de roches, de minéraux et d’insectes. Les modèles créés étaient exceptionnels et différents des modèles traditionnels persans, turques et d’Asie Centrale car un grand nombre d’entre eux s’inspirait d’un style d’origine indienne antérieure à l’influence Moghole. Les prisons les plus célèbres pour la fabrication de tapis furent les prisons d’Agra, de Lahore, d’Amritsar, de Jaipur, de Gwalior et de Bakaner.
Les Moghols utilisaient non seulement la technique persane du tissage de tapis, mais ils s’inspiraient également des styles et des motifs de la Perse. Les tapis Moghols étaient aussi complexes que leurs miniatures et leurs motifs représentaient souvent la vie de la Cour, des animaux ou des décorations florales. Les tapis Moghols étaient très colorés et les tapis en soie noués à la main possédaient 4224 nœuds par pouce carré (ou 655 nœuds par cm2). Certains des tapis parmi les plus exceptionnels furent créés sous le règne des Moghols pour les empereurs Moghols et leur cour. Chaque tapis différait d’un autre, mais ils avaient tous en commun une magie des couleurs et du style. Shâh Jahân, le souverain indien du 17e siècle, qui fit construire le Taj Mahal, a toujours été considéré comme un important patron de l’architecture. Ce qui est moins connu, c’est qu’il fut également un grand patron de l’art du tapis indien. En plus des œuvres de style persan, une série de modèles spécifiquement indiens furent développés, incluant des tapis composés de scènes et de paysages, des tapis composés d’animaux tels que des gibiers fougueux représentés courant çà et là dans les champs, des treillages architecturaux élaborés dans le style italien et comportant des contenus floraux, ainsi qu’un grand nombre de magnifiques tapis de prières dont le motif central dominant représentait une plante en floraison.
Sources et inspiration : BÉRINSTAIN, Valérie, et al. L'art du tapis dans le monde, Paris, Mengès, 1996, 378 p. ; JERREHIAN JR., Aram K. A. Oriental Rug Primer, Philadelphie, Running Press, 1980, 223 p. ; HERBERT, Janice Summers. Oriental Rugs, New York, Macmillan, 1982, 176 p. ; HACKMACK, Adolf. Chinese Carpets And Rugs, Rutland et Tokyo, Tuttle, 1980, 45 p. ; DE MOUBRAY, Amicia. et David BLACK. Carpets for the home, London, Laurence King Publishing, 1999, 224 p. ; JACOBSEN, Charles. Oriental Rugs A Complete Guide, Rutland et Tokyo, Tuttle, 1962, 479 p. ; BASHIR, Shuja. communication personnelle, s.d. ; Sources de sites web et dates de consultation variées (à être confirmées). Utilisé sous toutes réserves.