Peu de gens ont réalisé que si l’on n’a jamais entendu parler d’un antique tapis pakistanais, c’est peut-être tout simplement parce que le Pakistan n’existait pas avant la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Avant cela, le Pakistan faisait partie intégrante de l’Inde. Certains des tapis les plus magnifiques que l’histoire ait connu furent tissés à Lahore, et produits par la Cour Moghol aux 17e et 18e siècles. L’art du tissage s’est développé dans la région comprenant le Pakistan à une période où très peu d’autres civilisations l’avaient expérimenté. Les fouilles à Mohenjo-Daro et à Harappa, anciennes cités des civilisations de la Vallée de l’Indus, ont démontré que les habitants utilisaient déjà des fuseaux et avait inventé une large variété de matériels de tissage. Certains historiens considèrent la civilisation de la Vallée de l’Indus comme la première à avoir développé l’usage de textiles tissés.
Le tissage de tapis a pu être introduit dans la zone qui aujourd’hui se trouve être le Pakistan dès le 11e siècle avec l’arrivée des premiers conquérants musulmans, les Ghaznévides et les Ghorides venus de l’Ouest. Il peut être retracé avec plus de certitude dès le commencement de la dynastie Moghole au début du 16e siècle lorsque le dernier successeur de Tamerlan, Bâbur, étendit son pouvoir de Kaboul jusqu’à l’Inde pour fonder l’Empire Moghol. Sous le patronage des Moghols, les artisans indiens adoptèrent les techniques et les modèles de Perse. Les tapis tissés au Penjab à cette époque (aujourd’hui communément appelés tapis de Lahore) faisaient usage des motifs et des styles décoratifs utilisés dans l’architecture moghole. Durant la période Moghole, les tapis produits sur le sous-continent indien devinrent si célèbres que la demande se propagea à l’étranger. Ces tapis avaient des styles distinctifs et pouvaient se glorifier de posséder une forte densité de nœuds. Les tapis créés pour les empereurs Moghols tels que Jahangir et Shâh Jahân étaient de qualité exceptionnelle. Sous le règne du Shâh Jahân, le tissage des tapis moghols prit une nouvelle forme esthétique et entra alors dans sa phase classique.
A présent, les tapis noués à la main font partie des principaux produits d’exportation du Pakistan et leur production représente la seconde industrie artisanale et petite industrie du pays. Le nombre de tisserands est estimé de 200,000 à 250,000 et selon l’Association des Fabricants et des Exportateurs de Tapis du Pakistan (PCMEA, 2003), il y aurait plus de 200,000 métiers à tisser dans tout le pays. Les artisans pakistanais ont la capacité de produire n’importe quel type de tapis, utilisant des motifs populaires de goélands, des médaillons, des impressions cachemire, des filigranes et des dessins géométriques dans des combinaisons variées.
Sources et inspiration : BÉRINSTAIN, Valérie, et al. L'art du tapis dans le monde, Paris, Mengès, 1996, 378 p. ; JERREHIAN JR., Aram K. A. Oriental Rug Primer, Philadelphie, Running Press, 1980, 223 p. ; HERBERT, Janice Summers. Oriental Rugs, New York, Macmillan, 1982, 176 p. ; HACKMACK, Adolf. Chinese Carpets And Rugs, Rutland et Tokyo, Tuttle, 1980, 45 p. ; DE MOUBRAY, Amicia. et David BLACK. Carpets for the home, London, Laurence King Publishing, 1999, 224 p. ; JACOBSEN, Charles. Oriental Rugs A Complete Guide, Rutland et Tokyo, Tuttle, 1962, 479 p. ; BASHIR, Shuja. communication personnelle, s.d. ; Sources de sites web et dates de consultation variées (à être confirmées). Utilisé sous toutes réserves.